• Prévisions de l'Observatoire français des conjonctures économiques pour 2012 et 2013

    FRANCE : LA GUERRE DE 3 %
    AURA-T-ELLE LIEU ?
    PERSPECTIVES 2012-2013 POUR L’ÉCONOMIE FRANÇAISE
    Département analyse et prévision1,
    Éric Heyer, Marion Cochard, Bruno Ducoudré, Hervé Péléraux
    et Mathieu Plane
    En moyenne annuelle, l'économie française devrait croître de 0,1 % en 2012 et
    de 0,0 % en 2013. Cette performance est particulièrement médiocre et très éloignée
    du chemin que devrait normalement emprunter une économie en sortie de crise.
    Quatre ans après le début de la crise, le potentiel de rebond de l'économie française
    est important : il aurait dû conduire à une croissance spontanée moyenne de près de
    3,0 % l'an au cours des années 2012 et 2013, permettant de rattraper une partie de
    l'écart de production accumulé depuis le début de la crise. Mais cette reprise spontanée
    est freinée, principalement par la mise en place de plans d'économies
    budgétaires en France et dans l'ensemble des pays européens. La stratégie de consolidation
    budgétaire, imposée par la Commission européenne, devrait amputer de
    près de 6 points de PIB l'activité en France au cours des années 2012 et 2013.
    En s'établissant à un rythme éloigné de son potentiel, la croissance attendue
    accentuera le retard de production accumulé depuis 2008 et continuera à dégrader
    la situation sur le marché du travail. Le taux de chômage augmenterait régulièrement
    pour s'établir à 11 % fin 2013.
    Par ailleurs, la réduction du déficit budgétaire attendue par le gouvernement de
    la mise en place de la stratégie de consolidation – objectif de déficit des APU à 3 %
    de PIB en 2013 – sera en partie rognée par le manque à gagner en recettes fiscales
    dû à la faiblesse de la croissance. Le déficit public devrait s'établir à 3,5 % en 2013.
    Si le gouvernement français tenait coûte que coûte à respecter son engagement de
    déficit budgétaire à 3 %, cela nécessiterait l'adoption d'un nouveau plan de restrictions
    d'un montant de 22 milliards d'euros. Cette stratégie amputerait l'activité
    économique dans l'hexagone de 1,2 % en 2013 et engendrerait une hausse supplémentaire
    du taux de chômage qui frôlerait la barre des 12 % et amplifierait les
    destructions d'emplois de près de 200 000.
    1. Cette prévision a été réalisée à l’aide du modèle trimestriel de l’économie française, e-mod.fr,
    par une équipe dirigée par Éric Heyer, composée de Marion Cochard, Bruno Ducoudré, Hervé
    Péléraux et Mathieu Plane. La prévision tient compte des informations disponibles à la fin
    septembre 2012 et intègre les comptes nationaux trimestriels de septembre 2012, à savoir le
    compte emplois-ressources jusqu’au deuxième trimestre 2012 et les comptes d’agents jusqu’au
    premier trimestre 2012. Le modèle repose sur les données et les concepts de la comptabilité
    nationale base 2000 et est estimé sur la période 1978-2006. La prévision est quant à elle
    présentée aux prix de l’année précédente chaînés.


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    L’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) a réalisé une étude récente, sérieuse et documentée, afin d’essayer de prévoir l’état de l’économie française pour la période 2012-2017. L’étude tient compte des lois récemment votées et des projets affichés du nouveau gouvernement.

     

    Voici les principaux résultats du scénario central.

     

    -       l’équilibre budgétaire ne serait pas atteint en 2017.  Le déficit, à cette date,  serait  de l’ordre de 1% du PIB (Produit intérieur brut);

     

    -       la dette publique resterait, à fin 2017, voisine de 86 % du PIB, après avoir plafonné à 91 % en 2013 ;

     

    -       le taux de chômage resterait voisin de 10% en fin de période , après avoir plafonné à près de 11% en 2014.

     

    Il s’agit, nous le rappelons du scénario central si aucune mesure structurelle (comme celles décrites dans ce blog) n’est prise en France et en Europe. Ce pourrait donc être pire.

     

    Ce serait pire encore si les Etats européens, sous forte pressions financières et politiques, voulaient à tout prix tenir leurs engagements (déficit public nul en 2017 pour la France). Selon les auteurs de l’étude, je cite :

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Pour l’économie française, le supplément de rigueur, qu’il soit au niveau national ouprovenant des pays partenaires de la zone euro, induirait une moindre croissance : àl’horizon 2017, cette stratégie amputerait l’activité économique dans l’hexagone de1,0 %. Cela engendrerait une hausse supplémentaire du taux de chômage qui dépasserait la barre des 11 % dès 2014 (tableau 2). En ce qui concerne l’emploi, cette stratégie amplifierait les destructions d’emplois industriels et limiterait les créationsd’emplois dans le secteur des services marchands (tableau 1).

     

     

    Au total, cette stratégie coûterait plus de 160 000 emplois en 5 ans pour un gain de 1,5 point de PIB de dette publique. »

     

    Nous voilà prévenus.

     

    Nous renvoyons, pour les détails et graphiques au site : http://www.ofce.sciences-po.fr/indic&prev/previsions.htm

     


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    Crise et chômage en Europe : causes et remèdes

     

    Après la crise financière, la crise de la dette, est venue une crise de l'activité et de l'emploi, surtout en Europe, pourquoi?

     

    Sous la pression du commerce international (la mondialisation) et de la Communauté Européenne, l'Europe s'est ouverte à tous les échanges, sans barrière ni restriction. Comment lutter, en termes de coût, malgré une productivité élevée, contre des salaires plus de 10 fois inférieurs aux nôtres et des charges sociales quasi nulles ailleurs. Plusieurs pays émergents, comme la Chine, le Brésil, la Corée du Sud n'acceptent pas les produits étrangers sans contraintes et taxes. Essayez de vendre des voitures françaises en Corée du Sud alors qu'elle a une part significative du marché français.

     

    Il y 20 ans, des politiques nationales étaient possibles pour soutenir certaines filières ou industries. Ce  n’est plus autorisé. La Commission de Bruxelles s'y opposerait sous prétexte d'entrave à la concurrence.

     

    L'euro enfin a bloqué tous les leviers de contrôle qui étaient disponibles pour les nations européennes, comme la politique fiscale, le taux de change et la possibilité de dévaluer. Le gouvernement socialiste de 1981 a dévalué trois fois. Ce n'est plus réalisable.

     

    Des économistes mondialement connus, comme Jacques SAPIR ont écrit des livres au nom évocateur : "La démondialisation" ou "Comment sortir de l'Euro". Lors des primaires socialistes Arnaud Montebourg avait évoqué ces problèmes. En réponse aux mises en garde de François Bayrou, il lui avait signifié qu'il ne pourrait rien faire si une certaine réciprocité n'était pas exigée des pays émergents.

     

    Alors pourquoi n'en est il plus question? Ce problème est vital et toutes les palinodies actuelles n'empêcheront pas des drames économiques et sociaux. Voyons cela de plus près.

     

     

     

     

     

     

     

    Erreurs et impasses de la construction européenne

     

    C'est le titre d'un livre de Maurice Allais, écrit en 1992, il ya donc vingt ans, juste avant le Traité de Maastricht. Maurice Allais, prix Nobel d'économie, y dénonce quatre erreurs majeures (quatrième de couverture) :
    "- commencer par l'Europe économique alors qu'il fallait créer d'abord une Communauté politique;
    - donner à la Commission de Bruxelles des pouvoirs excessifs sans véritable contrôle démocratique;
    - orienter la Communauté économique européenne vers un libre-échangisme mondial sur la base de prix mondiaux fondamentalement instables;
    - négliger enfin les fondations d'une Europe culturelle, condition de l'émergence d'un esprit européen véritable."
    A propos du Traité de Maastricht, il écrit :
    "Ces erreurs qui ne peuvent mener qu'à des impasses et compromettre l'avenir de la Construction Européenne sont puissamment aggravées par le Traité de Maastricht dont les justifications présentées sont toutes fallacieuses."
    Ce fut, à notre sens, la faute la plus grave de Nicolas Sarkozy d'avoir, après le refus par référendum du traité sur la Constitution européenne, imposé par la voie parlementaire le Traité de Lisbonne, simple copie de ce traité. Il a payé cette faute mais le peuple français en subit de bien graves dommages.

     

    Libéralisme global et chienlit

     

    Avant d'entrevoir les structures politiques qui permettraient de sauver l'Europe ou de ralentir son déclin il convient de définir les tâches à accomplir. Sur le chemin se dressent deux obstacles gigantesques : le libéralisme global et le centralisme bureaucratique.

     

     

     

    Occupons-nous du premier.

     

     

     

    Le protectionnisme a mauvaise presse. Sous les influences conjuguées de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce dirigée par le socialiste Pascal Lamy) et de la Commission Européenne, relayées par les médias, les citoyens de l'Europe, mais surtout les français, ignorants des réalités économiques à un point inimaginable, manipulés et désinformés, sont sûrs qu'il est diabolique.

     

     

     

    C'est une mauvaise application d'un principe juste. Entre économies comparables et stables, le libre échange est facteur de progrès, de croissance, de richesse, chacun faisant ce qu'il sait faire de mieux et le vendant à ses voisins. Mais, comme l'a montré Maurice Allais, la condition d'économies comparables est essentielle. Dans le cas contraire apparaissent des effets de siphon particulièrement destructeurs.

     

     

     

    Une parenthèse sur Maurice Allais. La destinée de cet homme génial est très exceptionnelle. Sorti major de l'X, il apporte dès 1947 des contributions essentielles à la théorie économique. Elles lui voudront le prix Nobel. Ses apports en Physique sont également notables.

     

     

     

    Il aurait du avoir, dans son pays, une influence décisive. Mais il porte une marque d'infamie : il est LIBERAL. Il se déclarait lui-même Libéral socialiste (pour la production de richesses et leur juste distribution) . Mais peu importe. Dans le dernier demi-siècle, en France, le qualificatif « libéral » est mortel. A fortiori dans les « trente piteuses » où se succèdent fausse droite et vraie gauche, également idéologiques et incompétentes, avec les résultats que l'on sait. La pression sociale était si forte que Maurice Allais (« horresco referens ») n'a jamais enseigné à l'Ecole Polytechnique.

     

     

     

    Dans les vingt dernières années de sa vie (il est mort en 2010 à 99 ans) Maurice Allais a mené un combat de tous les instants pour sauver l'Europe. Ses livres les plus importants : « Erreurs et impasses de la construction européenne » et « Combats pour l'Europe ».

     

     

     

    Maurice Allais n'avait pas de mots assez durs pour décrire le « “libre-échangiste mondialiste, idéologie aussi funeste qu’erronée” ou la “chienlit mondialiste laissez-fairiste”.

     

     

     

    A la veille de sa mort, Allais a publié dans Marianne, le 5 décembre 2009, une « Lettre aux Français contre les tabous indiscutés ». Je renvoie pour l'analyse de ce texte à l'excellent blog d'Olivier Berruyer (http://www.les-crises.fr/le-testament-de-maurice-allais/). Je ne résiste pas au plaisir de citer quelques extraits de textes d'Allais. Voici.

     

     

     

    « Le point de vue que j’exprime est celui d’un théoricien à la fois libéral et socialiste. Les deux notions sont indissociables dans mon esprit, car leur opposition m’apparaît fausse, artificielle. L’idéal socialiste consiste à s’intéresser à l’équité de la redistribution des richesses, tandis que les libéraux véritables se préoccupent de l’efficacité de la production de cette même richesse. Ils constituent à mes yeux deux aspects complémentaires d’une même doctrine. Et c’est précisément à ce titre de libéral que je m’autorise à critiquer les positions répétées des grandes instances internationales en faveur d’un libre-échangisme appliqué aveuglément. 

     

    Le fondement de la crise : l’organisation du commerce mondial 

     

     La récente réunion du G20 a de nouveau proclamé sa dénonciation du « protectionnisme » , dénonciation absurde à chaque fois qu’elle se voit exprimée sans nuance, comme cela vient d’être le cas. Nous sommes confrontés à ce que j’ai par le passé nommé « des tabous indiscutés dont les effets pervers se sont multipliés et renforcés au cours des années » . Car tout libéraliser, on vient de le vérifier, amène les pires désordres. Inversement, parmi les multiples vérités qui ne sont pas abordées se trouve le fondement réel de l’actuelle crise : l’organisation du commerce mondial, qu’il faut réformer profondément, et prioritairement à l’autre grande réforme également indispensable que sera celle du système bancaire.

     

     

     

    Les grands dirigeants de la planète montrent une nouvelle fois leur ignorance de l’économie qui les conduit à confondre deux sortes de protectionnismes : il en existe certains de néfastes, tandis que d’autres sont entièrement justifiés. Dans la première catégorie se trouve le protectionnisme entre pays à salaires comparables, qui n’est pas souhaitable en général. Par contre, le protectionnisme entre pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire. C’est en particulier le cas à propos de la Chine, avec laquelle il est fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières. Mais c’est aussi vrai avec des pays plus proches, y compris au sein même de l’Europe. Il suffit au lecteur de s’interroger sur la manière éventuelle de lutter contre des coûts de fabrication cinq ou dix fois moindres – si ce n’est des écarts plus importants encore – pour constater que la concurrence n’est pas viable dans la grande majorité des cas. Particulièrement face à des concurrents indiens ou surtout chinois qui, outre leur très faible prix de main-d’œuvre, sont extrêmement compétents et entreprenants.

     

     

     

    Il faut délocaliser Pascal Lamy ! 

     

     

     

    Mon analyse étant que le chômage actuel est dû à cette libéralisation totale du commerce, la voie prise par le G20 m’apparaît par conséquent nuisible. Elle va se révéler un facteur d’aggravation de la situation sociale. À ce titre, elle constitue une sottise majeure, à partir d’un contresens incroyable. Tout comme le fait d’attribuer la crise de 1929 à des causes protectionnistes constitue un contresens historique. Sa véritable origine se trouvait déjà dans le développement inconsidéré du crédit durant les années qui l’ont précédée. Au contraire, les mesures protectionnistes qui ont été prises, mais après l’arrivée de la crise, ont certainement pu contribuer à mieux la contrôler. Comme je l’ai précédemment indiqué, nous faisons face à une ignorance criminelle. Que le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, ait déclaré : « Aujourd’hui, les leaders du G20 ont clairement indiqué ce qu’ils attendent du cycle de Doha : une conclusion en 2010 » et qu’il ait demandé une accélération de ce processus de libéralisation m’apparaît une méprise monumentale, je la qualifierais même de monstrueuse. Les échanges, contrairement à ce que pense Pascal Lamy, ne doivent pas être considérés comme un objectif en soi, ils ne sont qu’un moyen. Cet homme, qui était en poste à Bruxelles auparavant, commissaire européen au Commerce, ne comprend rien, rien, hélas ! Face à de tels entêtements suicidaires, ma proposition est la suivante : il faut de toute urgence délocaliser Pascal Lamy, un des facteurs majeurs de chômage !

     

     

     

    Plus concrètement, les règles à dégager sont d’une simplicité folle : du chômage résulte des délocalisations, elles-mêmes dues aux trop grandes différences de salaires… À partir de ce constat, ce qu’il faut entreprendre en devient tellement évident ! Il est indispensable de rétablir une légitime protection. Depuis plus de dix ans, j’ai proposé de recréer des ensembles régionaux plus homogènes, unissant plusieurs pays lorsque ceux-ci présentent de mêmes conditions de revenus, et de mêmes conditions sociales. Chacune de ces « organisations régionales » serait autorisée à se protéger de manière raisonnable contre les écarts de coûts de production assurant des avantages indus a certains pays concurrents, tout en maintenant simultanément en interne, au sein de sa zone, les conditions d’une saine et réelle concurrence entre ses membres associés.

     

     

     

    Un protectionnisme raisonné et raisonnable 

     

     

     

    Ma position et le système que je préconise ne constitueraient pas une atteinte aux pays en développement. Actuellement, les grandes entreprises les utilisent pour leurs bas coûts, mais elles partiraient si les salaires y augmentaient trop. Ces pays ont intérêt à adopter mon principe et à s’unir à leurs voisins dotés de niveaux de vie semblables, pour développer à leur tour ensemble un marché interne suffisamment vaste pour soutenir leur production, mais suffisamment équilibré aussi pour que la concurrence interne ne repose pas uniquement sur le maintien de salaires bas. Cela pourrait concerner par exemple plusieurs pays de l’est de l’Union européenne, qui ont été intégrés sans réflexion ni délais préalables suffisants, mais aussi ceux d’Afrique ou d’Amérique latine.

     

     

     

    L’absence d’une telle protection apportera la destruction de toute l’activité de chaque pays ayant des revenus plus élevés, c’est-à-dire de toutes les industries de l’Europe de l’Ouest et celles des pays développés. Car il est évident qu’avec le point de vue doctrinaire du G20, toute l’industrie française finira par partir à l’extérieur. Il m’apparaît scandaleux que des entreprises ferment des sites rentables en France ou licencient, tandis qu’elles en ouvrent dans les zones à moindres coûts, comme cela a été le cas dans le secteur des pneumatiques pour automobiles, avec les annonces faites depuis le printemps par Continental et par Michelin. Si aucune limite n’est posée, ce qui va arriver peut d’ores et déjà être annoncé aux Français : une augmentation de la destruction d’emplois, une croissance dramatique du chômage non seulement dans l’industrie, mais tout autant dans l’agriculture et les services.

     

     

     

    De ce point de vue, il est vrai que je ne fais pas partie des économistes qui emploient le mot « bulle ». Qu’il y ait des mouvements qui se généralisent, j’en suis d’accord, mais ce terme de « bulle » me semble inapproprié pour décrire le chômage qui résulte des délocalisations. En effet, sa progression revêt un caractère permanent et régulier, depuis maintenant plus de trente ans. L’essentiel du chômage que nous subissons —tout au moins du chômage tel qu’il s’est présenté jusqu’en 2008 — résulte précisément de cette libération inconsidérée du commerce à l’échelle mondiale sans se préoccuper des niveaux de vie. Ce qui se produit est donc autre chose qu’une bulle, mais un phénomène de fond, tout comme l’est la libéralisation des échanges, et la position de Pascal Lamy constitue bien une position sur le fond.

     

     

     

    Crise et mondialisation sont liées 

     

     

     

    Les grands dirigeants mondiaux préfèrent, quant à eux, tout ramener à la monnaie, or elle ne représente qu’une partie des causes du problème. Crise et mondialisation : les deux sont liées. Régler seulement le problème monétaire ne suffirait pas, ne réglerait pas le point essentiel qu’est la libéralisation nocive des échanges internationaux, Le gouvernement attribue les conséquences sociales des délocalisations à des causes monétaires, c’est une erreur folle.

     

     

     

    Pour ma part, j’ai combattu les délocalisations dans mes dernières publications . On connaît donc un peu mon message. Alors que les fondateurs du marché commun européen à six avaient prévu des délais de plusieurs années avant de libéraliser les échanges avec les nouveaux membres accueillis en 1986, nous avons ensuite, ouvert l’Europe sans aucune précaution et sans laisser de protection extérieure face à la concurrence de pays dotés de coûts salariaux si faibles que s’en défendre devenait illusoire. Certains de nos dirigeants, après cela, viennent s’étonner des conséquences !

     

     

     

    Si le lecteur voulait bien reprendre mes analyses du chômage, telles que je les ai publiées dans les deux dernières décennies, il constaterait que les événements que nous vivons y ont été non seulement annoncés mais décrits en détail. Pourtant, ils n’ont bénéficié que d’un écho de plus en plus limité dans la grande presse. Ce silence conduit à s’interroger.

     

     

     

    Un prix Nobel… téléspectateur 

     

     

     

    Les commentateurs économiques que je vois s’exprimer régulièrement à la télévision pour analyser les causes de l’actuelle crise sont fréquemment les mêmes qui y venaient auparavant pour analyser la bonne conjoncture avec une parfaite sérénité. Ils n’avaient pas annoncé l’arrivée de la crise, et ils ne proposent pour la plupart d’entre eux rien de sérieux pour en sortir. Mais on les invite encore. Pour ma part, je n’étais pas convié sur les plateaux de télévision quand j’annonçais, et j’écrivais, il y a plus de dix ans, qu’une crise majeure accompagnée d’un chômage incontrôlé allait bientôt se produire, je fais partie de ceux qui n’ont pas été admis à expliquer aux Français ce que sont les origines réelles de la crise alors qu’ils ont été dépossédés de tout pouvoir réel sur leur propre monnaie, au profit des banquiers. Par le passé, j’ai fait transmettre à certaines émissions économiques auxquelles j’assistais en téléspectateur le message que j’étais disposé à venir parler de ce que sont progressivement devenues les banques actuelles, le rôle véritablement dangereux des traders, et pourquoi certaines vérités ne sont pas dites à leur sujet. Aucune réponse, même négative, n’est venue d’aucune chaîne de télévision et ce durant des années.

     

     

     

    Cette attitude répétée soulève un problème concernant les grands médias en France : certains experts y sont autorisés et d’autres, interdits. Bien que je sois un expert internationalement reconnu sur les crises économiques, notamment celles de 1929 ou de 1987, ma situation présente peut donc se résumer de la manière suivante : je suis un téléspectateur. Un prix Nobel… téléspectateur, Je me retrouve face à ce qu’affirment les spécialistes régulièrement invités, quant à eux, sur les plateaux de télévision, tels que certains universitaires ou des analystes financiers qui garantissent bien comprendre ce qui se passe et savoir ce qu’il faut faire. Alors qu’en réalité ils ne comprennent rien. Leur situation rejoint celle que j’avais constatée lorsque je m’étais rendu en 1933 aux États-Unis, avec l’objectif d’étudier la crise qui y sévissait, son chômage et ses sans-abri : il y régnait une incompréhension intellectuelle totale. Aujourd’hui également, ces experts se trompent dans leurs explications. Certains se trompent doublement en ignorant leur ignorance, mais d’autres, qui la connaissent et pourtant la dissimulent, trompent ainsi les Français.

     

     

     

    Cette ignorance et surtout la volonté de la cacher grâce à certains médias dénotent un pourrissement du débat et de l’intelligence, par le fait d’intérêts particuliers souvent liés à l’argent. Des intérêts qui souhaitent que l’ordre économique actuel, qui fonctionne à leur avantage, perdure tel qu’il est. Parmi eux se trouvent en particulier les multinationales qui sont les principales bénéficiaires, avec les milieux boursiers et bancaires, d’un mécanisme économique qui les enrichit, tandis qu’il appauvrit la majorité de la population française mais aussi mondiale.

     

     

     

    Question clé : quelle est la liberté véritable des grands médias ? Je parle de leur liberté par rapport au monde de la finance tout autant qu’aux sphères de la politique.

     

     

     

    Deuxième question : qui détient de la sorte le pouvoir de décider qu’un expert est ou non autorisé à exprimer un libre commentaire dans la presse ?

     

     

     

    Dernière question : pourquoi les causes de la crise telles qu’elles sont présentées aux Français par ces personnalités invitées sont-elles souvent le signe d’une profonde incompréhension de la réalité économique ? S’agit-il seulement de leur part d’ignorance ? C’est possible pour un certain nombre d’entre eux, mais pas pour tous. Ceux qui détiennent ce pouvoir de décision nous laissent le choix entre écouter des ignorants ou des trompeurs. »

     

     

     

    Maurice Allais.

     

     

     

    S'il existe un paradis pour les hommes brillants, lucides et courageux, Maurice Allais y est sûrement à la droite de Dieu. Je ne me fais pas d'illusions. Si un tel homme ne fut pas écouté, mais discrédité et quasi banni, ce ne sont pas d'autres comme moi qui le seront. Mais quelque chose a changé. La crise est là, plus angoissante chaque jour et ce ne sont pas les projets de notre gouvernement actuel qui en allègeront le poids. Et puis, comme disait Guillaume d'Orange « Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »

     

     .

     

     

     

    Variantes européennes.

     

    Bien me direz vous. Vous avez invoqué Maurice Allais qui, avec une lucidité digne d’un meilleur sort, avait prévu et clairement indiqué, vingt ans auparavant, les erreurs et impasses de la construction européenne. Malheur aux Cassandre !

     

     

     

    Mais comment expliquer qu’en Europe, certains pays, comme l’Allemagne, s’en tirent mieux que d’autres ?

     

    Le raisons en sont connues ou devraient l’être. L’Allemagne a fait, à temps, les réformes nécessaires pour réduire les dépenses de l’Etat et donner plus de liberté aux entreprises, seules créatrices de richesse. Elle a aussi remplacé en partie le « Made in Germany » par le « Made by Germany ». Cela consiste à sous-traiter les composants d’un produit industriel dans les pays de l’Est à bas salaires, puis de les assembler et de les exporter  sous marque germanique.

     

     

     

    Cette solution est apparemment ignorée en France.  Si vous vous efforcez de produire français les conséquences seront de grandes difficultés et la vindicte de l’Etat français. Si vous délocalisez massivement  et vendez en France, sans souci de laisser sur le carreau des ouvriers français, vous aurez la bénédiction de l’Etat, s’il participe à votre capital. Chacun, dans le domaine automobile, par exemple, mettra les noms qui lui viennent à l’esprit.

     

     

     

     

     

     

     

    La descente aux enfers

     

    Tous les économistes sérieux (ceux qui ne sont pas distingués) savent qu’au-delà de 80% de dette, en pourcentage du Produit Intérieur Brut, l’économie d’un Etat n’est plus gérable. Les marges de manœuvre ont disparu. Ou vous réduisez les dépenses de l’Etat (solutions italiennes et espagnoles, entre autres), et la croissance disparaît. Le déficit public reste, au mieux, dans les mêmes eaux. Ou vous augmentez les impôts (cherchez des exemples ?) et, (n’en déplaise à certains) c’est une excellente manière de tuer la croissance, avec les mêmes effets sur le déficit public. Quant à la dette elle aurait plutôt tendance à augmenter, dans les deux cas. 

     

     

     

    Les choses pourraient aller ainsi mais les épargnants, qui ont investi leurs économies dans les prêts aux Etats, aux banques, aux entreprises, commencent à s’inquiéter. Leurs créances seront-elles remboursées ? Comme, pour couvrir les intérêts de la dette, les débiteurs ont besoin d’emprunter, les épargnants essaient de couvrir les risques et font monter les taux d’intérêt. Ce qui alourdit encore les charges de la dette pour un cercle vicieux et une situation de plus en plus critique.

     

     

     

    La solution imaginée par nos dirigeants, au prix de grands efforts d’imagination, est de faire courir de poche en poche le furet de la dette pour essayer de la concentrer dans des poches de plus en plus grandes, avec des noms prestigieux, tenter de rassurer les épargnants et éviter l’ascension des taux d’intérêt. Au sommet l’argent nécessaire sera émis en monnaie de singe.

     

     

     

    Depuis deux longues années, les sommets européens se succèdent, pour le bonheur des médias, mais, comme on sait, pour le plus grand malheur des peuples. Un bébé, à peine sevré, comprendrait qu’un jour, peut-être proche, la défiance des épargnants s’étendra aux grandes institutions nouvellement créées avec les mêmes conséquences.

     

     

     

    Ainsi faute de comprendre les vrais problèmes et après divers combats contre des moulins à vent (financiers, patrons, riches) nos dirigeants sont condamnés et nous condamnent à une croissance nulle ou négative, pendant cinq ans ou plus, avec des conséquences dramatiques pour l’emploi.

     

     

     

    Pourquoi cinq ans ou plus? il va falloir ce temps pour que les pays émergents, sous la pression de leurs peuples, voient, chez eux, les salaires monter aux niveaux des pays occidentaux, les productivités s’égaliser et des équilibres reparaître.

     

     

     

    L’histoire économique des deux derniers siècles peut se résumer à une série de cycles qui touchent les peuples à mesure qu’ils sont rattrapés par la science, la technologie et l’industrie. Dans une première phase les salaires sont inférieurs à la productivité, ce qui booste la croissance et crée abondance de richesses. Puis, celles-ci sont redistribuées, les salaires montent et un régime d’équilibre est atteint lorsque le taux d’accroissement des salaires est égal à celui de la productivité.

     

     

     

    Chaque fois on parle de miracle. Il y eut ainsi le miracle britannique, le miracle allemand, le miracle japonais, le petit miracle français (les trente glorieuses) et, depuis peu les miracles chinois, indiens, sud-coréens…. A l’inverse, dans certains pays, le taux d’accroissement des salaires dépasse celui de la productivité. Cela signifie que la croissance y est morte.

     

     

     

    Ainsi, en l’absence de mesures structurelles (je dirai plus loin lesquelles), comme  ce semble être le cas, l’Europe se traînera misérablement dans les bas-fonds avec des conséquences sociales redoutables (notamment un chômage entre 10 et 20% et une jeune génération sacrifiée).

     

     

     

    Et ceci est le meilleur des cas. Une variante pire est possible. La France est le plus faible des grands pays européens. C’est le domino. Si elle basculait elle entraînerait avec elle au moins les pays latins. Et le gouvernement qu’elle s’est donnée, négationniste des réalités, oublieux de la terrible histoire du socialo-communisme soviétique, avec pourtant des résultats effarants et connus de tous. Si la Pologne réussit c’est parce qu’elle s’en souvient.

     

     

     

    Basculer cela veut dire une situation de désespérance telle que les peuples se révoltent, que la paix civile n’est plus assurée et que les manifestations grecques, italiennes ou espagnoles apparaîtront comme folkloriques.

     

     

     

    Je suis assez âgé pour espérer ne pas voir cela mais j’ai peur pour nos enfants.

     

    Sur la route qui pourrait nous éloigner de l’enfer un rocher monstrueux apparaît.

     

    Un bloc technocratique : la Commission Européenne

     

     

     

    Selon Wikipedia, sa fonction principale est de proposer et de mettre en œuvre les politiques communautaires. « Gardienne des traités », elle veille à leur application et jouit d'un quasi-monopole du droit d'initiative dans le domaine des compétences exclusives de l'Union, comme l'union douanière, la préservation des ressources biologiques de la mer, le marché intérieur, la monnaie unique.

     

     

     

    Vous avez bien lu. La Commission a le monopole des initiatives et peut, en outre, traîner devant la Cour de Justice et sanctionner les pays récalcitrants.

     

     

     

     Caractéristiques :

     

     

     

    Elle est composée de fonctionnaires non élus et irresponsables. Le Parlement européen peut la censurer, mais exclusivement sur sa gestion, et par un vote des deux tiers du Parlement ce qui distingue ce « pouvoir de contrôle » de celui habituellement observable dans les régimes parlementaires. C'est le moins que l'on puisse dire. Ils peuvent dormir tranquilles.

     

     

     

    Elle complique la vie quotidienne des Européens, avec ses directives, souvent abusives. Demandez aux pêcheurs français.

     

     

     

    Elle est chère. Voici son dernier budget :

     

     

     

    « Le 24 juillet, le Conseil a adopté sa position sur le projet de budget de l'UE pour l'exercice 2013. Les ministres sont convenus que la hausse des paiements devrait être limitée à 2,79 % par rapport au budget 2012.

     

    En chiffres absolus, la position du Conseil prévoit 132,70 milliards d'euros en paiements (c'est à dire en montants susceptibles d'être effectivement versés en 2013) et 149,78 milliards d'euros en engagements (c'est-à-dire en engagements de dépenses, dont le versement ne doit pas nécessairement intervenir en 2013, mais qui peut être réparti sur plusieurs exercices).Cela correspond à un accroissement de 3,61 milliards d'euros pour les paiements et de 1,88 milliard d'euros pour les engagements par rapport au budget 2012, mais à une baisse de 5,23 milliards d'euros et de 1,15 milliard d'euros respectivement par rapport à la proposition de la Commission pour le budget 2013. »

     

    La Commission demandait une hausse de son budget de plus de 5% dans une Europe où plusieurs Etats importants sont en récession

     

    Elle bloque toute tentative de politique industrielle des Etats membres en faveur de leurs entreprises, sous prétexte d'assurer la libre concurrence. D'où la disparition assurée des entreprises et emplois industriels.

     

    Elle a impulsé, de toutes ses forces, avec l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), par simple idéologie, la globalisation et la mondialisation des échanges et donc l'ouverture de l'Europe à tous les vents mauvais..

     

    Elle a poussé à un élargissement invraisemblable de l'Europe à des pays fort différents.

     

    Pour ces raisons elle est donc le principal responsable de la situation actuelle.

     

    Elle est la base d'une dictature technocratique d'un genre nouveau, mais avec toujours les mêmes buts : assurer la puissance  et la croissance de l'organisation avec les avantages associés, au seul profit d'une « nomenklatura ». C'est une partie du mondialisme en mouvement, qui pourrait s'appeler l'Européisme.

     

    On l'aura compris : toute tentative pour sauver l'Europe passera par une réduction drastique des pouvoirs de la Commission de Bruxelles.

     

    Dans la suite nous essaierons de proposer des solutions pour sortir de la crise et retrouver croissance et bonheur de vivre. Deux voies principales : l'intégration ou l'éclatement, mais, dans chaque cas, avec des conditions très précises.

     

     Une Europe multi-fédérale

     

    Essayons d'esquisser les contours d'une nouvelle Europe. Balayons quelques politiques sans avenir.

     

     

     

    D'abord le jeu de bonneteau (définition : pratiqué par des charlatans pour berner les gogos) des dettes circulantes en vaine attente de mutualisation. Pratiqué depuis deux ans avec plein succès !. Dommage pour les clients des medias qui attendent, le cœur battant, chaque mois, le sommet du siècle qui va terrasser la crise.

     

     

     

    Puis les « pactes budgétaires », avec ou sans croissance. Il faut réduire les déficits. Tous les dirigeants le savent maintenant et le veulent, mais ils cherchent comment. Et ce n'est pas une pression supplémentaire venue d'en haut qui les aidera.

     

     

     

    A quelles conditions serait viable une nouvelle organisation de l'Europe ? En voici trois :

     

     

     

    o      des similitudes dans l'histoire, le niveau économique, la culture.... des pays qui voudraient s'unir ;

     

    o      des pratiques intégralement démocratiques basées sur la volonté des peuples à travers référendums, institutions représentatives et élections ;

     

    o      le désir et la capacité de contrôler les flux d'hommes et de biens à travers ses frontières.

     

     

     

    Dans la situation actuelle, c'est clair, nous en sommes très loin !.

     

     

     

     

     

     

     

    LES COMMUNAUTES REGIONALES

     

     

     

    Voici quelques lignes tirées du livre déjà cité de Maurice ALLAIS : « Erreurs et impasses de la construction européenne » , page 73. Ce texte date de 1992.

     

     

     

    « La question des frontières de la Communauté européenne, c'est à dire des pays dont l'entrée doit actuellement être envisagée, est absolument capitale. (Ce n'est pas moi qui souligne).

     

     

     

    Il convient de souligner tout d'abord que tout ensemble trop étendu est condamné, soit à l'inefficacité et à la paralysie, soit à l'apparition de puissantes forces de désagrégation.

     

     

     

    L'explosion de l'ex-Union soviétique est ici convaincante. Une trop forte intégration sous une même autorité politique de populations hétérogènes ne peut que mener inéluctablement à des situations instables et explosives.

     

     

     

    Si on considère cette donnée de l'expérience historique, on est amené à la conclusion qu'une Communauté ne peut être stable et viable que sous deux conditions :

     

     

     

    o      ne pas être trop vaste et appartenir à un même espace géographique ;

     

    o       rassembler des pays(ou des peuples) ayant atteint un niveau de développement économique comparable et constitués d'un tissu sociologique et politique semblable. »

     

     

     

    Autre citation (page 75) :

     

     

     

    « L'exemple des difficultés considérables suscitées par la réunification, pourtant très limitée dans son ampleur, des deux Allemagnes, doit nous convaincre qu'il n'est de l'intérêt d'aucun de nos peuples de s'engager dans la voie d'utopies irréalisables. »

     

     

     

    Nous voilà prévenus.

     

     

     

    J’ajouterai le cas des Etats-Unis d'Amérique. En dépit d'histoires très voisines, il a fallu une guerre, celle de Sécession, pour effacer des différences culturelles graves.

     

     

     

    Les 27 pays de l'actuelle Union Européenne, sans même parler de la Turquie ou de la Croatie, ne satisfont pas à ces conditions. Ce doit être aveuglant.

     

     

     

    Nous sommes donc conduits à rechercher des Unions territoriales qui pourraient, chacune, constituer une Fédération viable. Ici les choix peuvent varier. Je propose les miens à titre d'exemples.

     

     

     

    une Europe Occidentale, formée des nations fondatrices de l'Union Européenne (l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas) auxquelles se joindront l'Espagne et le Portugal ;

     

     

     

    o      une Europe Nordique groupant les pays de l'association européenne de libre échange et leurs voisins (Grande Bretagne, Suède, Norvège, Danemark et, s'ils le veulent, la Finlande et les pays baltes) ;

     

    o      une ou plusieurs Europes orientales regroupant les pays de l'Est.

     

     

     

    Naturellement les regroupements évoqués devraient être entièrement soumis, par référendum, à la volonté des peuples. Il est hors de question d'imposer, par voie détournée, des traités comme celui de Lisbonne.

     

     

     

     

     

    STRUCTURES POLITIQUES

     

     

     

    L'organisation la plus simple et la plus fiable pour unir des Etats souverains est, sans doute, la Fédération. Nous imaginerons donc trois Fédérations : les Etats Européens de l'ouest, de l'est et du nord. Elles pourraient être construites sur le modèle des Etats-Unis d'Amérique, qui a fait ses preuves depuis deux siècles.

     

    Pour chacune donc : un Parlement, un Sénat et un gouvernement, tous élus bien entendu. Les membres du Parlement seraient, pour chaque Etat, en nombre proportionnel à sa population. Ceux du Sénat seraient en nombre égal, par Etat.

     

    Chaque Fédération aurait sa propre monnaie, point essentiel pour contrôler ses politiques monétaires et fiscales selon les particularités d'inflation et de productivité propres à chacune. Une monnaie commune n'est pas exclue. Une monnaie unique l'est.

     

    Les tâches du Gouvernement de chaque Fédération seraient semblables à celles actuellement assurées dans chaque pays. Aux USA les divers départements sont :

     

     

     

    ·       Département d'État (U.S. Department of State), chargé de la politique étrangère, dirigé par le Secrétaire d'État ;

     

    ·       Département du Trésor (U.S. Department of the Treasury) ;

     

    ·       Département de la Défense (U.S. Department of Defense);

     

    ·       Département de la Justice (U.S. Department of Justice;

     

    ·       Département de l'Intérieur (U.S. Department of the Interior);

     

    ·       Département de l'Agriculture (U.S. Department of Agriculture) ;

     

    ·       Département du Commerce (U.S. Department of Commerce);

     

    ·       Département du Travail (U.S. Department of Labor);

     

    ·       Département du Logement et du Développement urbain (U.S. Department of Housing and Urban Development) ;

     

    ·       Département des Transports (U.S. Department of Transportation);

     

    ·       Département de l'Énergie (U.S. Department of Energy);

     

    ·       Département de la Santé et des Services sociaux (U.S. Department of Health and Human Services);

     

    ·       Département de l'Éducation (U.S. Department of Education) ;

     

    ·       Département des Anciens combattants (U.S. Department of Veterans Affairs) ;

     

    ·       Département de la Sécurité intérieure (U.S. Department of Homeland Security ).

     

     

     

     

     

     

     

    CONTROLE DE FRONTIERES

     

     

     

    A l'intérieur de chaque Fédération les hommes et les biens circuleraient librement mais, et ce point est essentiel, chacune reprendrait le contrôle de ses frontières.

     

    L'ouverture à tous vents, dite « mondialisation » est une nouvelle idéologie meurtrière. Elle ne tue pas les hommes mais les empêche de vivre. Les pays en développement ou émergents n'en ont même pas bénéficié, à l'exception de la Chine. Toutes les études (voir en particulier J. SAPIR : « La démondialisation » , chapitre 1) le montrent. Pourquoi la Chine ? Elle est la seule à avoir pratiqué une politique économique très volontariste assortie d'un contrôle serré des échanges et des taux de change.

     

    L'Europe est le seul continent à garder toutes ses frontières ouvertes, sans taxes ni normes contraignantes, avec pour résultat la destruction de pans entiers de son économie. Montrons-le sur l'exemple du Brésil, (une des plus grandes économies du monde, en plein essor) et des relations Brésil-USA.

     

    Au Brésil

     

    « L'importation d'un grand nombre de produits est soumise à une demande de licence préalable auprès du SECEX (Secrétariat au Commerce Extérieur), qui est seul habilité à délivrer cette licence. Valables 60 jours à compter de la date d'expédition des marchandises (parfois, à compter de la date de la demande de licence). Cette période ne peut être prorogée et est souvent insuffisante. Il faut alors faire une nouvelle demande de licence. Pour le textile, la réglementation est encore plus stricte: la licence n'est accordée que si le paiement est réalisé dans les 30 jours qui suivent la date de livraison (les importateurs sont tenus de prouver qu'ils ont effectivement payé dans les 30 jours).
    Toutes les importations doivent être accompagnées au minimum de 2 copies de la facture commerciale et du bon de livraison. En cas de non conformité avec les exigences légales du pays, les Douanes sont en droit d'appliquer de fortes amendes, allant couramment jusqu'à 100% des droits de douane usuels. Il est conseillé dans tous les cas de travailler avec un très bon courtier en douane Brésilien qui sera seul à même d'être informé à peu près en temps et en heure des réglementations douanières. Il est nécessaire de se référer aux nombreuses réglementations sanitaires avant toute importation. »

     

    En retour , lors de la visite du Président Obama au Brésil, la présidente Dilma Rousseff n'a pas omis de faire référence à "la persistance des barrières douanières sur les produits brésiliens", comme le jus d'orange, l'acier, le coton. Elle a déclaré qu'une relation commerciale plus juste exige "que soient brisées les barrières qui s'opposent à nos produits."

     

    Heureux Américains !

     

    A notre connaissance les droits de douane et les taxes à l'importation sont de 10,73 %, dans la moyenne des pays émergents.

     

     

     

    Sortir de la crise. Nous le pouvons

     

     

     

    Il faut attaquer de front la globalisation et les directives européennes.

     

    Voici une première citation de l'ouvrage de Jacques SAPIR (économiste, directeur d'études à l'ecole des hautes études en sciences sociales et à l'université de Moscou) qui a pour titre « La démondialisation » (Editions du Seuil), page 257 :

     

    « On dira que ceci nous mettrait au ban de l'Union européenne dont nous ne respecterions plus les traités. Il faut pourtant savoir que la supériorité des règles et lois nationales sur les directives européennes a été affirmée, une nouvelle fois, en Allemagne lors d'un arrêt de la cour constitutionnelle de Karlsruhe. L'arrêt du 30 juin 2009 stipule en effet qu'en raison des limites du processus démocratique dans l'Union européenne, seuls les Etats-nations sont dépositaires de la légitimité démocratique. En décidant de suspendre temporairement l'application de certaines des directives européennes, nous serions ainsi dans notre droit. »

     

    Autre citation du même ouvrage, page 258 :

     

    « Comment pourrait-on procéder ? On oublie trop souvent la présence dans la Constitution française d'un instrument adapté aux situations d'urgence, telle que nous la connaissons. C'est l'article 16. Qui aujourd'hui peut contester que le fonctionnement de nos institutions (y compris sociales) et l'indépendance du pays ne soient immédiatement et directement menacées ? L'usage de l'article 16 est ainsi parfaitement justifié et légitime. Les mesures de mises en œuvre sont par ailleurs des « actes de gouvernement » que le Conseil d'etat n'a pas à juger (Arrêt Rubin de Serven du 2 mars 1962).

     

    Prenons alors le cas de l'euro. Il n'est nullement besoin de vouloir sortir de la zone euro ; il serait plus intéressant de chercher à la faire évoluer, comme on l'a dit, dans le sens d'une zone de coordination des politiques monétaires autour d'une monnaie commune venant s'ajouter aux monnaies nationales. Dans le cadre de l'article 16 le gouvernement peut requérir de la Banque de France qu'elle opère des avances de trésorerie, libellées en euros, pour couvrir une partie de la dette publique qui serait ainsi rachetée par échange de bons du Trésor. »

     

    « Avec le retour à un contrôle des capitaux, nous retrouverions la maîtrise de nos taux d'intérêt. »

     

     

     

    Nous pourrions, dans le même cadre, prendre les dispositions indispensables pour contrôler les échanges de biens et services aux frontières de la France.

     

    Ces actions auraient valeur d'exemple pour d'autres pays européens. 

     

    « Dès lors pourraient s'ouvrir des négociations pour réviser les traités européens ou les réécrire sur la base d'un nouveau noyau de pays en y associant de nouveaux partenaires »

     

     

     

    Il suffit d'une volonté politique. Si elle resta absente, l'éclatement de l'Europe, après de redoutables convulsions, est inéluctable.

     

     

     

    Mais le pire n’est jamais sûr. Selon certaines rumeurs la Chancelière voudrait refonder l’Europe autour d’un noyau franco-allemand avec des structures plus intégrées et convergentes. Et, peut-être, ces idées seraient partagées par certains dirigeants français.  A l’Est je crois entendre des pas.

     

     

     

    Sarzeau le 27 août 2012

     

     

     

    René DESCAMPS

     


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  • Je me dis souvent : je n'ai aucune chance d'être écouté. Maurice Allais, Major de l'X, Nobel d'économie a annoncé tout cela, a écrit plusieurs livres sur l'Europe, s'est battu pendant vingt ans. Il a été écarté, marginalisé, muselé.

    Ma seule petite chance : nous y sommes, dans la m... noire dont il a annoncé la venue, décrit les causes et indiqué les remèdes. Et pour cinq à dix ans encore si rien ne bouge.

    Alors, espérons quand même.


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  •  

    Il faut attaquer de front la globalisation et les directives européennes.
    Voici une première citation de l'ouvrage de Jacques SAPIR (économiste, directeur d'études à l'ecole des hautes études en sciences sociales et à l'université de Moscou) qui a pour titre « La démondialisation » (Editions du Seuil), page 257 :
    « On dira que ceci nous mettrait au ban de l'Union européenne dont nous ne respecterions plus les traités. Il faut pourtant savoir que la supériorité des règles et lois nationales sur les directives européennes a été affirmée, une nouvelle fois, en Allemagne lors d'un arrêt de la cour constitutionnelle de Karlsruhe. L'arrêt du 30 juin 2009 stipule en effet qu'en raison des limites du processus démocratique dans l'Union européenne, seuls les Etats-nations sont dépositaires de la légitimité démocratique. En décidant de suspendre temporairement l'application de certaines des directives européennes, nous serions ainsi dans notre droit. »
    Autre citation du même ouvrage, page 258 :
    « Comment pourrait-on procéder ? On oublie trop souvent la présence dans la Constitution française d'un instrument adapté aux situations d'urgence, telle que nous la connaissons. C'est l'article 16. Qui aujourd'hui peut contester que le fonctionnement de nos institutions (y compris sociales) et l'indépendance du pays ne soient immédiatement et directement menacées ? L'usage de l'article 16 est ainsi parfaitement justifié et légitime. Les mesures de mises en œuvre sont par ailleurs des « actes de gouvernement » que le Conseil d'etat n'a pas à juger (Arrêt Rubin de Serven du 2 mars 1962).
    Prenons alors le cas de l'euro. Il n'est nullement besoin de vouloir sortir de la zone euro ; il serait plus intéressant de chercher à la faire évoluer, comme on l'a dit, dans le sens d'une zone de coordination des politiques monétaires autour d'une monnaie commune venant s'ajouter aux monnaies nationales. Dans le cadre de l'article 16 le gouvernement peut requérir de la Banque de France qu'elle opère des avances de trésorerie, libellées en euros, pour couvrir une partie de la dette publique qui serait ains rachetée par échange de bons du Trésor. »
    « Avec le retour à un contrôle des capitaux, nous retrouverions la maîtrise de nos taux d'intérêt. »
    Nous pourrions, dans le même cadre, prendre les dispositions indispensables pour contrôler les échanges de biens et services aux frontières de la France.
    Ces actions auraient valeur d'exemple pour d'autres pays européens. 
    « Dès lors pourraient s'ouvrir des négociations pour réviser les traités européens ou les réécrire sur la base d'un nouveau noyau de pays en y associant de nouveaux partenaires »
    Il suffit d'une volonté politique. Si elle resta absente, l'éclatement de l'Europe, après de redoutables convulsions, est inéluctable.

     


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